Indre : « L’Implantation de nouvelles éoliennes est un véritable déni de démocratie »
Interrogé sur la prolifération des éoliennes géantes dans notre département, le maire de la commune de Mâron, Gilbert Blanc, ne mâche pas ses mots. Pour lui, les implantations de parcs éoliens industriels se réalisent sans l’assentiment des citoyens, ni des élus. C’est pourquoi, il dénonce un « véritable déni de démocratie ».
Un maire élu contre les éoliennes
Gilbert Blanc détient son mandat de maire grâce à son combat anti- éolien. Il sait de quoi il parle. En 2020, les Maronnais ont voté massivement pour sa liste « L’Air libre à Mâron en Berry ». Celle-ci a remporté les 15 sièges que compte le Conseil municipal de Mâron. À l’époque, la presse avait évoqué cette victoire écrasante comme un véritable « référendum » contre les éoliennes. La population de Mâron a porté au pouvoir une équipe de novices en politique plutôt que de reconduire une équipe aguerrie mais compromise avec un gros promoteur éolien, la société JPEE. Cette dernière souhaite implanter un parc de 4 éoliennes sur cette petite commune à l’est de Châteauroux. Le rejet de ce projet par la population locale est total. Ici comme ailleurs, à de très rares exceptions près, personne ne veut de ces immenses moulins aux nuisances multiples à côté de son habitation.
Mâron, une commune en sursis
En élisant un Conseil municipal anti-éoliennes, les citoyens maron- nais ont fait un choix politique clair mais la commune de Mâron n’est pas tirée d’affaire pour autant. Le Maire et ses adjoints ont beau se démener pour préserver leur village, la me- nace existe toujours. En effet, la loi donne le pouvoir de validation des projets éoliens aux préfets et non aux maires des communes concer- nées. L’enquête publique qui doit précéder toute validation de projet éolien n’oblige en rien le Préfet dans sa décision. Tous les avis émis par les collectivités, les élus, les asso- ciations ou les simples citoyens n’ont qu’une valeur consultative. Le Préfet peut donc tranquillement valider une implantation d’éoliennes sur une commune malgré l’opposition de tous ses habitants et de ses élus.
Une législation très favorable aux promoteurs
Néanmoins, il arrive que le Préfet écoute la population et rédige un arrêté défavorable à l’encontre d’un projet éolien. Dans ce cas de figure, le promoteur arrive très souvent à faire casser l’arrêté préfectoral par la justice tant la législation lui est très favorable. C’est très exactement ce qui s’est produit avec le projet de parc éolien « Les Sables », sur la commune de Vigoux et de Bazaiges dans la Vallée de la Creuse. Il a été validée par la Cour d’Appel administrative de Bordeaux de cette façon le 11 avril dernier.
Un processus décisionnel qui exclut les citoyens et les élus
Rappelons ici qu’un préfet est un haut fonctionnaire nommé par le Président de la République sur proposition du Premier ministre et que les magistrats de la Cour admi- nistrative d’appel sont également des fonctionnaires issus de l’ÉNA. Ainsi il est particulièrement choquant que la décision d’implanter des infra- structures aussi importantes et aussi impactantes pour le paysage et l’en- vironnement se fasse sans l’approba- tion des citoyens et des élus concer- nés. La souveraineté populaire s’en trouve bafouée. Donner autant de pouvoir à des fonctionnaires non- élus et ne résidant pas sur place, ne semble pas raisonnable dans une république démocratique. Pire enco- re, mettre des citoyens sincères et mobilisés devant le fait accompli sans aucun espoir de réel recours relève de la fuite en avant la plus dangereuse.
Le déni de démocratie ouvre la porte aux violences
Cette quasi impossibilité d’empêcher l’implantation d’éoliennes indus- trielles par les habitants concernés caractérise l’impuissance politique des citoyens face à une admi- nistration toute puissante. Cette impuissance politique est légiti- mement vécue comme une insup- portable injustice. Elle échauffe les esprits et génère une extraordinaire frustration au sein de la population. Le Maire de Mâron en appelle à la responsabilité de l’État et de nos parlementaires : François Jolivet, Nicolas Forissier, Nadine Bellurot et Frédérique Gerbaud. Il craint que « le déni de démocratie ouvre la porte aux violences et aux actes illégaux car les gens sont à bout. »