Bélâbre : quand l’immigration subie pose la question de la démocratie

Bélâbre, petite commune de 980 habitants au sud du département, fait beaucoup parler d’elle depuis février dernier. Son maire, le sémillant Laurent Laroche, veut vendre un bâtiment communal à une association pour y implanter un centre de migrants sans aucune concertation avec sa population. Pire, le projet avait été sciemment dissimulé aux Bélâbrais de peur qu’ils ne le refusent. Une fois l’information ébruitée, un collectif citoyen d’opposants au projet s’est constitué. Une pétition a été lancée et des manifestations pacifiques ont été organisées pour s’opposer à la création de ce centre. Au-delà du sujet sensible de l’immigration, le problème soulevé est démocratique : un maire peut-il tout faire sans le consentement de sa population ?

Le maire, un seigneur féodal ?
Le maire concentre entre ses mains à la fois les pouvoirs exécutif et législatif de la commune. En ce qui concerne le pouvoir législatif, il doit avoir le soutien de la majorité parmi les conseillers municipaux. Dans les attributions qui sont du ressort de la commune, le maire s’apparente effectivement à un seigneur féodal. Il a tout pouvoir et fait ce qu’il veut. Les citoyens de la commune n’ont aucun recours contre ses actions même s’ils sont majoritaires. Leur seul pouvoir démocratique, c’est de ne pas voter pour lui la prochaine fois. Un recours contre une décision du maire n’est possible que s’il a enfreint la loi, sinon c’est impossible. Dans le cas de Bélâbre, le maire et son conseil municipal ont totalement le droit de vendre un bâtiment communal à une association sans consulter la population. C’est le fait du Prince et les Bélâbrais opposés à cette décision n’ont que leurs yeux pour pleurer.

Le référendum communal
L’article LO1112-1 du Code des collectivités territoriales prévoit le référendum local. Cependant, celui-ci ne peut être initié que par le maire lui- même ou le conseil municipal. Les habitants n’ont pas le pouvoir d’initier eux-mêmes un tel référendum. Dans les faits, les maires de France organisent rarement des référendums communaux. Soit ils savent qu’ils ont la majorité des citoyens avec eux et ils considèrent que cela serait une perte de temps d’organiser un référendum, soit ils considèrent que la population n’est pas apte à apprécier ce qui est bon pour la commune et ils ne veulent surtout pas que les citoyens contrecarrent leurs projets. C’est le cas de notre grand démocrate Laurent Laroche pour Bélâbre qui dit à ses administrés en substance : « Je suis maire, je sais mieux que vous ». Les maires vraiment soucieux de la volonté du peuple sont malheureusement très rares en pays gaulois.

La Nouvelle République dans ses oeuvres
La Pravda locale a, bien sûr, pris fait et cause pour le socialiste et humaniste Laurent Laroche et son centre de migrants. Dans toute une série d’articles, la Nouvelle République a tenté d’expliquer aux Indriens en général et aux Bélâbrais en particulier pourquoi il ne fallait pas céder à « la haine », au « repli sur soi » et au contraire saluer le « volontarisme et l’énergie des élus guidés par des valeurs humanistes ». Bref, ce n’est pas grave si un élu piétine la volonté populaire du moment que c’est pour la bonne cause. Lancé par son élan humaniste, dans son édition du 26 février, le quotidien de référence sous-titrait en caractère gras la fake news suivante : « Un référendum local serait illégal ». Afin de décourager ceux qui auraient l’outrecuidance de réclamer un vote démocratique sur la question, la NR relayait les propos du socialiste et humaniste Daniel Guiet, avocat de son état. Celui-ci expliquait doctement que la politique migratoire n’étant pas de la compétence de la commune mais de l’État, un référendum communal serait donc tout simplement illégal. Erreur et manipulation sémantique. Les opposants au projet du maire de Bélâbre demandent un référendum sur la décision de vendre un bâtiment, issu du patrimoine privé de la commune, à l’association Viltaïs, organisme également privé. Cela n’a rien à voir avec la politique migratoire de l’État même si la finalité est de loger des migrants. Par conséquent, un référendum local serait totalement possible et légal.

Election, démocratie et escroquerie
Cette affaire révèle que notre république est encore bien imparfaite et que l’idéal démocratique dont elle se revendique n’est pas encore atteint. Nous avons là un maire, un élu, qui dit grosso modo à sa population : « Vous m’avez donné mandat il y 3 ans pour diriger la commune alors taisez-vous. Si vous n’êtes pas d’accord, c’est pareil ». Pourtant, quand les habitants de Bélâbre ont donné mandat au sieur Laroche, il n’était nullement question de vendre l’ancienne chemiserie pour en faire un centre de migrants. Les Bélâbrais peuvent légitimement se sentir trahis, escroqués par ce bonimenteur. Il est tout de même curieux que l’on puisse porter plainte contre un commerçant qui vous trompe sur de la marchandise achetée mais qu’aucun recours ne soit possible quand un élu vous a vendu une politique frelatée. Il semble que les droits du consommateur soient mieux protégés que ceux du citoyen. Les bonnes âmes aiment à répéter aux électeurs cocus qu’ils n’auront qu’à en élire un autre la prochaine fois mais cet argument n’est pas recevable. Imagine-t-on un seul instant que le seul recours d’un épargnant, dont le banquier a frauduleusement vidé le compte, soit d’en choisir un autre la prochaine fois ? Non, la loi doit protéger les mandataires des mandatés peu scrupuleux.

Le référendum d’initiative citoyenne
L’article 3 de notre constitution dispose que : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. » Le cas de Bélâbre nous montre que localement comme nationalement cette « voie du référendum » n’est malheureusement que trop peu utilisée. L’initiative du référendum étant réservée aux élus, elle est confisquée par une classe politique hautaine et méprisante, sourde aux aspirations du peuple. Pour sortir de cette impasse démocratique, il faut permettre aux citoyens d’initier des référendums par eux-mêmes avec la collecte d’un certain nombre de signatures. Le référendum d’initiative citoyenne est l’instrument politique qui permettrait de parfaire notre constitution en remettant le citoyen au centre de la vie démocratique.
À Bélâbre comme ailleurs, le peuple devrait toujours avoir le dernier mot.

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