Un sérieux revers pour le projet de PNR Sud-Berry
Suite à la levée de boucliers venant de différents acteurs de la ruralité, le projet de création d’un nouveau parc naturel régional qui s’étendrait d’Éguzon jusqu’à Saint- Amand-Montrond semble bien compromis. Des responsables politiques et syndicaux se positionnent de plus en plus contre ce projet d’inspiration écologiste de gauche.
Un projet lancé en 2018
Même si les premières études datent de 2016, le projet de création d’un Parc Naturel Régional Sud-Berry a été officiellement lancé en 2018 par deux élus de droite : Jean-Michel Degay, alors maire d’Aigurande, et Louis Cosyns, maire de Dun-sur- Auron dans le Cher. Le PNR Sud- Berry aurait dû voir le jour en 2022 mais les obstacles se sont accumulés. L’idée des concepteurs de ce projet était d’apporter une meilleure visibilité et une manne financière à un ensemble plus ou moins homo- gène de 133 communes de l’Indre et du Cher. Un parc naturel régional (PNR) est un syndicat mixte de communes, régi par une charte, avec des objectifs en matière d’environnement, d’économie, de politique sociale, d’habitat, de santé et de tourisme. C’est une strate administrative supplémentaire qui se superpose à la commune, à la communauté de communes et au syndicat mixte de pays. Son rôle est de mettre en valeur et de dynamiser un territoire naturel rural. Dans notre département, il existe déjà un parc naturel régional, il s’agit du PNR de la Brenne.
Une levée de boucliers
En 2018, sur le papier, le futur PNR avait l’air formidable. Les élus de gauche et les élus de droite étaient main dans la main pour mettre en place cette nouvelle structure éligible aux subventions de la Région, de l’État et de l’Europe. Une aubaine pour certains, la chasse aux subventions étant une seconde nature pour nos politiciens des deux rives. Mais c’était sans compter la vigilance de certains ruraux avertis. Fin 2020 se met en place un collectif d’associations rurales et de syndicats agricoles pour remettre en cause le bien- fondé de ce projet de PNR. Regroupés au sein du GAR (Groupement des Acteurs de la Ruralité), ce collectif organise une première réunion publique intitulée « Un parc naturel régional pour quoi faire ? » en octobre 2021 à Châteaumeillant dans le Cher. Devant une salle comble, une succession d’orateurs très en verve interpelle les élus locaux sur les effets néfastes que pour- rait avoir à long terme la constitution d’un nouveau PNR au sud du Berry.
Des écolos vendent la mèche
Dans un communiqué de mai 2020 les élus du groupe écologiste au Conseil régional Centre-Val de Loire affirment qu’ils « appuient » depuis le début le projet de PNR Sud-Berry et dévoilent en partie la véritable finalité du futur PNR qui, dixit, « engagerait les territoires du Sud- Berry dans la transition, c’est-à-dire dans le changement des comportements individuels et collectifs, des modes de production, d’habitation et de consommation, des usages des ressources et des déplacements ». On apprend ainsi que le véritable objectif n’est pas de mettre en valeur une région naturelle mais d’opérer un changement radical des modes de vie des populations sous couvert d’écologie et de « protection » des paysages.
Une idéologie punitive
C’est donc avec raison que les opposants pointent du doigt le projet poli- tique et autocratique qui se cache derrière le PNR. L’expérience montre qu’un parc naturel régional n’est pas qu’un simple outil administratif mais un instrument au service d’une gauche « décroissante » qui veut mettre les paysages « sous cloche ». Les acteurs de la ruralité dénoncent une idéologie de la « nature sans l’homme » qui veut « ensauvager » la nature mais qui oublie que c’est la main de l’homme qui a façonné les milieux naturels remarquables comme les étangs de la Brenne ou les haies du Boischaut. Ils ne veulent pas qu’on leur impose une écologie « punitive et politiquement orientée » qui porte atteinte à leurs liber- tés les plus élémentaires.
Une petite armée de militants payés avec l’argent public
Les partisans de la création du PNR Sud-Berry aiment répéter à l’envi que celui-ci n’est pas contraignant pour les habitants concernés car il n’a pas de pouvoir réglementaire et qu’il est simplement consultatif. À cela les opposants rétorquent qu’un PNR peut être très contraignant même s’il ne dispose pas de pouvoir coercitif propre. En effet, avec ses moyens humains et financiers conséquents, un PNR peut initier toute une série d’actions devant le préfet ou devant le tribunal en vue de transformer le territoire et ainsi servir son agenda politique. Si des a- gents du PNR repèrent, par exemple, une plante dite « rare » sur une parcelle privée, ils peuvent alors de- mander au préfet de sanctuariser ladite parcelle et d’interdire au propriétaire toute modification de l’environnement. Le PNR n’interdit pas directement, il monte juste des dossiers pour faire interdire par les autorités compétentes ce qui lui dé- plaît. En somme, la création d’un PNR permet à la gauche écologiste d’avoir une petite armée de fonctionnaires payés avec de l’argent public qui travaillent, consciemment ou pas, à son projet politique. Comment des élus prétendument de droite ont- ils pu soutenir un tel projet ?
Revirement de position à droite
Face au vif mécontentement de son électorat, le député LR de la deuxième circonscription de l’Indre, Nicolas Forissier fait volte face en septembre 2022 et annonce que désormais il ne soutient plus le projet de PNR Sud-Berry. Quelques jours plus tard, c’est au président du Conseil départemental de l’Indre, le centriste Marc Fleuret, d’affirmer publiquement qu’il est « clairement opposé à la création du parc ». Suite au nouveau positionnement de ces deux poids lourds de la politique locale, même François Daugeron, président du Pays de La Châtre en Berry et principal soutien de droite au projet, commence à douter. La conseillère régionale RN Mylène Wunsch, qui n’avait pas encore pris position sur le sujet, estime de son côté que : « le projet de PNR Sud-Berry va à l’encontre de notre vision du monde rural ». Bref, il y a tout lieu de penser que le projet de parc naturel régional Sud-Berry ne pourra pas aboutir si les élus de droite continuent de quitter ainsi le navire.