Le Château d’Ozans victime du mirage chinois

Dans un parc désormais en friche, le Château d’Ozans n’est plus que l’ombre de lui-même. Abandonné, pillé et squatté, celui qui devait être le magnifique lieu de réception pour les chefs d’entreprises de la zone économique franco-chinoise aura connu la décadence à la place de la grandeur qu’on lui avait pourtant promise. Acheté en 2011 par la Communauté d’Agglomération Castelroussine (CAC – ancêtre de Châteauroux Métropole), pour être ensuite revendu en 2014 à la très opaque société SFECZ, l’ancien château de Gabriel de Barbançois serait en réalité aux mains de l’État chinois lui- même.

Un immense gâchis
« C’est un crève-cœur, un immense gâchis », lâche Jean-Marc, un ancien cavalier du club d’équitation du château d’Ozans. Il connaît bien les lieux. Il a monté à cheval dans cette propriété pendant des années et il ne comprend pas comment on a pu en arriver là. Câbles électriques arrachés, portes fracturées, vitres brisées, murs tagués, toits percés à de multiples endroits. Le balcon de pierre et le grand escalier de la tour ronde menacent de s’effondrer. La végétation commence même à pousser à l’intérieur de la petite chapelle néo-gothique. « Mais pourquoi les Chinois n’entretiennent-ils pas les lieux ? C’est incompréhensible », renchérit-il. Effectivement, il est difficile de comprendre pourquoi un propriétaire, qui ne manque pas d’argent, laisse ainsi mourir une bâtisse à valeur architecturale et historique certaine. Le château a notamment appartenu au père du Général Bertrand, figure de l’histoire locale. Sans travaux d’urgence, le Château d’Ozans risque de vivre ses dernières années.

Le mirage chinois
Depuis 2010, les acteurs publics ont toujours cru aux belles promesses des représentants de Pékin à propos de la zone économique d’Ozans. Ils ont voulu croire que les investisseurs chinois allaient devenir la locomotive économique de l’Indre. Pourtant aujourd’hui, où sont les 4.000 emplois promis par un Jean-François Mayet ? Où sont les 50 entreprises annoncées par un Gil Avérous ? Où est cet avenir radieux complaisamment étalé à de multiples reprises dans les colonnes de la Nouvelle République sans la moindre réserve ? Au fil des années, les désillusions se sont enchaînées et c’est cette vieille demeure qui remonte au XVème siècle qui en paie l’addition.
Beaucoup d’argent public a été investi dans le faramineux projet franco-chinois. Un budget de 90 millions d’euros avait été annoncé. Mais dix ans après, le rêve d’Ozans « porte d’entrée de la Chine en Europe » a viré au cauchemar. Un seul bâtiment a été construit par la SFECZ sur la zone. Pompeusement nommé Centre d’innovation et de technologie (Citech), ce vaisseau de béton et de verre reste désespérément vide malgré l’immense panneau immobilier proposant des plateaux de 200 à 1.100 m² à vendre ou à louer. Tout cet argent pris dans la poche du contribuable n’aurait-il pas pu servir à quelque chose de plus utile ?

Un manque de contrôle des investissements étrangers
Le Château d’Ozans n’est pas le seul édifice remarquable à être laissé à l’abandon par des propriétaires étrangers peu scrupuleux. Dans l’Indre, on pense immanquablement au Château de Villedieu-sur-Indre que des affairistes hollandais ont laissé honteusement mourir pendant des décennies avec la lâche complicité de l’ancien maire Bernard Gontier. Mais le phénomène existe malheureusement dans toute la France. Des investisseurs anglais, hollandais, chinois ou qataris achètent pour d’obscures raisons des châteaux français pour les abandonner aussitôt. Il y aurait près d’une centaine de cas similaires à travers tout le pays. Il serait peut-être temps que les pouvoirs publics se saisissent de ce problème qui porte à la fois atteinte au patrimoine architectural local et à la souveraineté nationale.

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