Indre : un groupuscule d’ultra-gauche instrumentalise la journée de la Laïcité
Le 9 décembre dernier, la laïcité était célébrée dans les communes de Sainte-Sévère et de Sassierges-Saint-Germain à l’initiative d’un groupuscule communiste libertaire appelé « Comité du Berry des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 ». Avec la complicité des enseignants et des municipalités respectives, des militants radicaux se sont livrés à une indigne propagande politique en direction de la centaine d’écoliers présents. Sous couvert de promouvoir la laïcité, c’est le régime révolutionnaire et violent, appelé « la Commune de Paris », dont il était fait la publicité ce jour-là.
L’école publique n’est pas un lieu de propagande politique et militante
La neutralité reste l’un des cinq grands principes de l’école publique républicaine et le site internet du Ministère de l’Éducation nationale assure que « la neutralité philosophique et politique s’impose aux enseignants et aux élèves ». C’est pourquoi, il est extrêmement choquant que des enseignants décident d’emmener leurs élèves à une manifestation initiée par un groupe politique quel que soit le sujet. L’école est le lieu du savoir et de l’apprentissage, pas celui de l’embrigadement politique. En faisant participer leurs élèves à une manifestation à vocation politique, ces professeurs des écoles sont fautifs. Ils ont violé leur obligation de neutralité qui est consacrée par l’article L121-2 du Code de la fonction publique. Ils encourent des sanctions administratives.
Les Amis de la Commune de Paris 1871
La Commune de Paris est un régime insurrectionnel parisien qui n’a duré que trois mois entre mars et mai 1871. Il s’est terminé par un bain de sang. Ne reconnaissant pas les résultats des élections de février 1871 de la IIIème République naissante sur fond de guerre avec la Prusse, un grand nombre de Parisiens se soulèvent contre le gouvernement de l’époque réfugié à Versailles. Ils proclament Paris « Commune libre » et font sécession avec le reste du pays. Les communards, comme on les appelle, se situent à l’extrême-gauche de l’échiquier politique et revendiquent un socialisme radical et intransigeant. Ils n’hésitent pas à exécuter des otages civils pour satisfaire leurs revendications politiques. Finalement, l’armée régulière de la IIIème République écrase les communards dans une répression féroce en mai 1871.
L’association Les Amies et les Amis de la Commune 1871 a pour objet d’honorer la mémoire « des héros de la Commune » et de contribuer à la défense de « leur idéal ». Le caractère politique de cette association ne laisse aucun doute.
La laïcité comme cheval de Troie
Sur l’affiche annonçant les deux événements, il n’y a pas de slogans révolutionnaires. En apparence, il s’agit simplement de la plantation d’un arbre de la laïcité pour la journée nationale de la laïcité. Rien de choquant là-dedans. Pourtant, dans chacune des deux manifestations, un militant radical a pris la parole devant les enfants pour faire l’éloge de la Commune de Paris. En prétendant que celle-ci était à « l’origine de notre laïcité », qu’elle était « désireuse de changer en bien la vie », qu’elle avait mis en place une « école ouverte à toutes et tous, ouvrant l’égalité entre garçons et filles », qu’elle avait instauré l’école « gratuite » et « obligatoire » pour lutter contre la misère et le travail des enfants… L’activiste a habilement fait en sorte que le sujet principal ne soit plus la laïcité mais la Commune de Paris. Elle serait, selon lui, source de tous les progrès sociaux depuis 150 ans. Cela est fortement discutable. En terme de propagande et de récupération politique, on peut difficilement faire mieux.
Une prise d’otages idéologique de la jeunesse
À Sassierges-Saint-Germain, l’embrigadement des élèves est allé beaucoup plus loin à cause du zèle des deux enseignantes, Céline Chantôme et Servane Delsalle. Ces deux enseignantes ont organisé en amont dans leurs classes un travail collectif basé sur le livre politiquement très marqué « Louise au temps des cerises » de l’auteur d’extrême-gauche Didier Daeninckx. Le quatrième de couverture est explicite : « Au printemps 1871, le peuple de Paris se soulève et proclame la Commune. De nombreuses mesures sont alors décidées pour changer la vie des plus pauvres. Le père de la petite Louise est sur les barricades avec les Communards et sa mère soigne les blessés ; Louise, quant à elle, s’envole dans le ciel de la capitale. Sa mission : apporter, au-delà des remparts parisiens des nouvelles de ce grand rêve de justice en train de se réaliser. » Dans son rapport de la journée du 9 décembre 2022 publié sur le blog du Comité du Berry des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871, le militant communiste Jean Annequin exulte : « … les enfants peuvent s’identifier à cette Louise en entrant dans son histoire ». Puis il salue ce qu’il considère comme le « clou du spectacle », une « magnifique ronde sur l’air du Temps des Cerises chanté, chacune et chacun avec son foulard rouge flottant au vent et mis sur le cœur dans le final. » Ce jour-là, les 32 élèves de la petite commune de Sassierges-Saint-Germain ont clairement été les otages d’une manifestation politique qui les dépassait. Des adultes se sont servis d’eux sans vergogne à des fins politiques.
En toute impunité
Enfin, il est tout de même curieux que ces deux manifestations aient eu lieu dans des communes dirigées par des maires divers droite : François Daugeron pour Sainte- Sévère et Henri Lory pour Sassierges-Saint-Germain. Ces messieurs ont-ils autorisé ces manifestations en connaissance de cause ou sont-ils politiquement et historiquement incultes ? La question mérite d’être posée.
On n’imagine pas un seul instant une célébration de la Fête des mères organisée par les « Amies et Amis du Maréchal Pétain » avec une promotion de l’État français sous prétexte que celui-ci a institué cette vénérable fête et mis en place la médecine du travail ou le SMIC. Les régimes totalitaires peuvent être précurseurs dans certains domaines mais cela ne les légitime pas pour autant. La Commune de Paris était un régime totalitaire extrêmement violent dont les avancées sociales ne peuvent effacer les crimes commis en son nom. Alors pourquoi une telle impunité ?